Organisé à l’initiative de l’Union des écrivains gabonais (Udeg), la rentré littéraire qui s’est tenue le 18 décembre à Libreville fut l’occasion de réfléchir à la place de la littérature gabonaise dans l’enseignement national.
Cette 3e édition de l’évènement s’est déroulée cette fois-ci au sein de la Maison Georges Rawiri, siège de Gabon Télévision, et s’est prolongée pendant la 2e journée par des “Universités de l’Estuaire”. La rencontre a rassemblé les représentants du gouvernement (dont notamment le ministre de la Communication, parrain de la rentrée), des écrivains, des lecteurs, des acteurs culturels et quelques lycéens. Le thème majeur de la journée était « La littérature gabonaise dans les programmes scolaires », abordé pendant une conférence dédiée.
En effet, des écrivains gabonais signalent que le livre gabonais est peu présent dans le curriculum scolaire et souvent est méconnu par le public en général. Ainsi, ils observent le manque de promotion de la littérature nationale de la part des médias publics. « Pour preuve, la maison qui accueille cette année la rentrée littéraire (Maison Georges Rawiri, Gabon Télévision, ndlr) ne compte même pas dans ses programmes une seule émission littéraire. La chaîne diffusait une chronique littéraire tous les lundis dans une émission matinale, cela ne se fait plus, parce que l’émission en question a été supprimée », s’exprime Divassa Nyama, l’un des écrivains les plus populaires dupays, lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noir en 2008.
Dans le cursus scolaire, le taux des auteurs gabonais s’élève environ à 20 %. Par ailleurs, avant de choisir cette sélection que les enfants vont étudier à l’école, il faut bien s’assurer que des livres écrits par des auteurs nationaux, correspondent bien aux besoins d’apprentissage. Le directeur de l’Institut pédagogique national (IPN) a rappelé alors que c’est la mission de cet organisme, « d’élaborer les programmes selon les supports pédagogiques existants ».
Depuis 2011, l’institut fait des révisions de la littérature gabonaise pour choisir des ouvrages dont la portée est pertinente pour l’apprentissage des jeunes : se ne sont que des livres « de bonne facture » qui sont sélectionnés par une commission spéciale. Il n’est pas évident de dépasser le taux de 20 %.
Dans ce contexte, une exception culturelle se présente comme une option pour protéger les auteurs gabonais, mais cela ne signifierait pas la fermeture pour la littérature étrangère. Eric Joël Bekale, le président de l’Udeg, explique : « Au Gabon, un élève ou un étudiant vous parlera bien mieux des auteurs français, sénégalais, maliens, guinéens que de ceux de son propre pays. Cela n’est pas normal. Le dire ne signifie pas qu’il faut ne plus lire et étudier les auteurs étrangers. Non et bien au contraire : nous militons pour l’ouverture au monde. Ce que nous disons, c’est qu’il faut plus d’ouvrages d’auteurs gabonais dans les programmes scolaires nationaux ».
Outre la question de la place de la littérature gabonaise à l’école, ce fut aussi l’occasion d’aborder des difficultés de publication rencontrées par des écrivains, ainsi que de découvrir de nouvelles publications. « La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire », a résumé Alain Claude Bilie-Bi-Nze la devise de l’évènement, en paraphrasant Victor Hugo.
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