A huit mois de la prochaine élection présidentielle au Gabon, c’est le tour de Babel dans la principale coalition de l’opposition. Plusieurs membres rejettent la désignation le 15 janvier de Jean Ping comme candidat unique de ce Front uni pour l’alternance. Dans le même temps, ses partisans ont désigné un nouveau président pour la coalition en catimini, pour faire taire les divergences.
À ce jour, seuls quatre opposants au pouvoir d’Ali Bongo Ondimba ont annoncé leur candidature au prochain scrutin présidentiel prévu en septembre 2016. Il s’agit notamment de Dieudonné Minlama Mintogo de la Convention nationale de l’interposition (CNI), de Moussavou King du parti socialiste, de Pierre Claver Maganga Moussavou du Parti social-démocrate (PSD), et de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine Jean Ping. Ce dernier cristallise les espoirs d’une opposition à bout de souffle, puisqu’il a de facto pris la tête de son principal mouvement : leFront uni de l’opposition pour l’alternance (Fopa).
Mais, cette force politique est en train de se déliter sous l’effet des ambitions personelles de ses cadres. Devant la presse ce mercredi à Libreville, Philibert Andjembé, proche de Jean Ping, a bombé le torse. C’est désormais lui le seul président du Fopa. « Je suis président du Front, il n’y a pas d’autre président du Front parce que c’est la majorité du Front qui m’a désigné, insiste-t-il. Kombila Koumba pourra rester avec les onze, mais les onze ne sont pas la majorité, c’est une minorité. » Piqué au vif, le président en exercice dont le mandat n’est pas encore terminé a convoqué une réunion d’urgence. Tous les proches de Jean Ping sont écartés du directoire du Front.
Pierre André Kombila Koumba soutient qu’il reste l’unique président de cette principale coalition de l’opposition. « Leur regroupement est un regroupement de farceurs, c’est une vaste blague que vient de dire Philibert Andjembé, assure-t-il. Il faut noter que cette majorité-là est une majorité factice. Toutes les réunions qu’ils ont tenues se sont déroulées en dehors des données statutaires. » Il y a donc désormais un fauteuil pour deux présidents. La désignation de Jean Ping comme candidat unique est elle aussi contestée. La Front pourrait donc également compter deux candidats sous peu.
De fait, Jean Ping a été désigné par un collège de quatre dirigeants de l’opposition, alors qu’elle compte quatorze membres fondateurs. Un manque de légitimité criant. L’ancien ministre Fréderic Massavala, qui a quitté le parti au pouvoir le 15 janvier 2016, a refusé également de cautionner la candidature de Jean Ping et a invité les leaders de l’opposition à procéder sans délai et démocratiquement au choix d’un porte-étendard dans la perspective de la future présidentielle. Lors de sa création, ce Front donnait pourtant l’allure d’être le principal dispositif pour chasser Ali Bongo du pouvoir. Aujourd’hui, alors qu’il semble sur le point d’imploser, rien n’est moins sûr.
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