Dans une interview très offensive accordée au quotidien français Le Monde, Jean Ping frappe fort sur le président Ali Bongo et sur le « système » gabonais. L’ancien cacique du parti majoritaire est passé dans l’opposition en février 2014 et entend dénoncer une « farce » électorale à laquelle il participe pourtant. Certain de la victoire de l’opposition, il affirme que les résultats risquent d’être manipulés et il détiendrait des preuves de manigances d’avant élection. Des preuves qu’il se refuse toutefois à rendre public…
L’interview de Jean Ping dans Le Monde en date du 2 mars sent le souffre. L’ancien ministre et diplomate âgé de 73 ans se montre plus offensif que jamais, peut-être revigoré par l’annonce le 29 février dernier de la candidature officielle d’Ali Bongo Ondimba. Craignant une fraude électorale de grande ampleur, Jean Ping explique que les manipulations peuvent avoir lieu avant et après le vote. Il en veut pour preuve que, selon lui, toutes les élections depuis la conférence nationale de 1990, sauf celle de 2005, ont été truquées. Le candidat à la présidence de la République affirme détenir les preuves qu’une vaste fraude est en cours, mais ne porte pas ces éléments devant une juridiction car aucune ne serait indépendante. Mais pourquoi ne pas fournir des preuves aux médias dans ce cas et interpeller les opinions publiques gabonaise et internationale ?
Jean Ping regrette que l’opposition soit divisée, mais ne doute pourtant pas de la victoire et ce malgré le système à un tour. Sûr de l’emporter dans les urnes, le principal opposant d’Ali Bongo porte une attaque extrêmement sérieuse en affirmant que « le Gabon est une dictature pure et simple » à laquelle il a pourtant participé pendant près d’un demi siècle… Ayant « demandé pardon » pour son passé, Jean Ping s’identifie à un Macky Sall (actuel président du Sénégal) et à Roch Marc Christian Kaboré (actuel président du Burkina Faso) qui sont tout deux arrivés à la tête de leur pays après être passés dans l’opposition et vaincu démocratiquement leurs anciens compagnons politiques.
Enfin, le rôle de la France est abordé et le candidat explique que Paris « a toujours joué un rôle depuis l’indépendance, et les Gabonais considèrent que la décision de la France a toujours été prépondérante. A tort ou à raison (…) Le sentiment est là. Les Gabonais sont persuadés que, dans le meilleur des cas, sans la neutralité de la France, on ne peut pas réussir. Ici, on appelle ça « la main noire » ». Jean Ping assure vouloir s’assurer de la neutralité de l’ancienne puissance coloniale et fait jouer ses réseaux dans l’ensemble des partis en France afin d’y parvenir. Interrogé sur l’influence du président congolais Denis Sassou Nguesso sur sa propre campagne – les bruits courent que sa campagne est en partie financée par ce chef d’Etat influent en Afrique centrale – Jean Ping assure ne pas avoir « reçu un centime » et si cela venait à devenir réalité, il « lui dirait merci et le crierait sur tous les toits ».
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