Le ministre de l’Intérieur Lambert-Noël Matha a annoncé ce samedi 3 décembre le report des élections législatives au mois de juillet prochain. Ce dernier avance un « cas de force majeure ». Certains y voient une chance de renouer le dialogue, après la crise politique post-électorale traversée par le pays. D’autre une manouvre politique.
Le ministre de l’Intérieur gabonais Lambert Matha a annoncé samedi le report des élections législatives. Initialement prévues pour ce mois-ci, ces élections ont été reportées pour le 29 juillet 2017 au plus tard. La raison invoquée par le gouvernement gabonais a été l’« insuffisance des dotations financières prévues à cet effet ». Cette décision a été prise par la Cour constitutionnelle, saisie par le Premier ministre, lui-même informé par la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP). La Cour a dû prendre en compte « des dépenses imprévues consécutives aux violences enregistrées à l’issue de l’élection du président de la République ».
Le Gabon fait en outre face à une grave crise des liquidités du fait de la chute des cours du pétrole. De plus, le pays accueille en janvier prochain, l’édition 2017 de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN 2017), et les troubles post-électoraux ont retardé certains chantiers. Toutes ces raisons constituent « un cas de force majeure autorisant l’organisation de l’élection des députés à l’Assemblée nationale au plus tard le 29 juillet 2017 », a indiqué la présidente la Cour, Marie Madeleine Mborantsuo. Cependant, la décision de la Cour est diversement appréciée. Certains leaders proches du principal opposant Jean Ping remettent en cause les arguments mis en avant par le gouvernement.
Ces derniers avancent que « le budget relatif à l’organisation du scrutin législatif a été entériné dans la loi de finances de l’exercice en cours qui a été adopté en 2015 » et crient à la manœuvre politique qui servirait de « sursis pour le gouvernement toujours en quête d’asseoir sa légitimité ». D’autres préfèrent au contraire y voir une occasion de rallier certains partis de l’opposition. Avec les multiples défections de certains leaders qui rejoignent un par un la table des négociations, le pouvoir pourrait ainsi faire participer une partie de l’opposition politique au prochain scrutin. Le climat de clivage actuel compromet d’une certaine manière l’organisation d’un scrutin législatif « apaisé », avec un risque de boycott par les mécontents de la présidentielle.
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