Depuis l’hospitalisation du président gabonais il y a trois semaines, les bruits les plus fous courent sur son état de santé. Toujours à Ryad où le manque d’information sert aux rumeurs les plus alarmistes, Ali Bongo Ondimba n’est actuellement pas en mesure d’exercer ses fonctions. La Cour constitutionnelle vient de statuer sur les articles 13 et 16 de la Constitution gabonaise et a fait preuve d’une certaine flexibilité pour que le Conseil des ministres puisse avoir lieu sous l’autorité du Vice-président ou du Premier ministre.
Alors que l’opposition appelle à communiquer sur l’état de santé du président Ali Bongo, le reste de l’exécutif compte bien traiter les dossiers les plus urgents en son absence. Or, la Constitution gabonaise vient de révéler une faille puisqu’elle reste muette quant à une « indisponibilité temporaire » pour l’exercice du mandat présidentiel. L’article 13 de la Constitution a donc été amendé par la Cour constitutionnelle. Plus exactement, un alinéa a été ajouté pour donner les clés institutionnelles au Premier ministre et au Vice-président de la République afin de faire passer les mesures jugées prioritaires.
En ne statuant que sur une vacance du pouvoir, la Constitution gabonaise et son article 13 ont révélé une faille dont le pays se serait bien passé. A la vacance du pouvoir qui est bien prise en compte par la Constitution, le juge François de Paul Adiwa-Antony a ajouté un alinéa bien utile en la circonstance. « En cas d’indisponibilité temporaire du président de la République, certaines fonctions dévolues à ce dernier peuvent être exercées soit par le vice-président de la République soit par le Premier ministre sur autorisation spéciale de la Cour constitutionnelle saisie par le Premier ministre ou un dixième des députés, des membres du gouvernement chaque fois que nécessaire ».
Ainsi, le Vice-président de la République, Pierre Claver Maganga Moussavou, a pu présider le Conseil ministériel de ce mercredi 14 novembre 2018. La Cour constitutionnelle « en sa qualité d’organe régulateur du fonctionnement des institutions, autorise le vice-président de la République à convoquer et à présider un conseil des ministres qui portera exclusivement sur l’ordre du jour joint à la requête du Premier ministre » selon les mots de son président. La politique gabonaise n’est donc pas bloquée par l’absence temporaire du chef de l’Etat, mais cela ne permettra pas de mettre fin aux rumeurs. Seules des images ou une déclaration d’Ali Bongo pourront calmer les esprits les plus fertiles et les plus chagrins.
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