Anti-corruption : Le Gabon procède à un remaniement politique

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Anti-corruption : Le Gabon procède à un remaniement politique

Près de deux douzaines de personnes, dont certaines appartenant au cercle restreint du pouvoir, ont été évincées de leurs fonctions, arrêtées ou affectées à d’autres fonctions.

Le Gabon a procédé à une série d’arrestations et de réaffectations au plus haut niveau dans le cadre de sa campagne de lutte contre la corruption.

Près de deux douzaines de personnes, dont certaines appartenant au cercle restreint du pouvoir, ont été évincées de leurs fonctions, arrêtées ou ont reçu d’autres fonctions.

Brice Laccruche Alihanga, chef de cabinet du président Ali Bongo Ondimba, a été démis de ses fonctions. Il a été limogé le 2 décembre de ses fonctions de ministre, a déclaré le Premier ministre Julien Nkoghe Bekale dans un message vidéo.

« Le président a décidé d’agir vite », a déclaré le Premier ministre.

Parmi les autres personnes concernées, on retrouve l’ancien directeur du Fonds national de l’assurance maladie, Renaud Allogho Akoue, et le responsable des communications présidentielles, Ike Ngouoni, considéré comme le bras droit de Brice Laccruche Alihanga. Ils ont tous les deux été arrêtés.

Des changements importants ont également été apportés aux services de renseignement et de sécurité, dans le cadre de décisions prises par le bureau du président.

Brice Laccruche Alihanga a fait profil bas en tant que ministre du gouvernement, bien que son influence ait augmenté progressivement après qu’Ali Bongo ait été victime d’un accident vasculaire cérébral en octobre 2018.

Le quotidien progouvernemental L’Union a annoncé fin novembre que plus de 85 milliards de francs CFA (129 millions d’euros) avaient disparu des fonds de la Compagnie pétrolière gabonaise au cours des deux dernières années.

Cette entreprise publique est dirigée par Patrichi Tanasa, proche de Brice Laccruche Alihanga. Patrichi Tanasa est en détention depuis la fin novembre.

Une enquête de L’Union visait également la société Dupont Consulting, dont les dirigeants comprenaient le frère de Brice Laccruche Alihanga, Gregory Laccruche, homme d’affaires et maire de Akanda, une ville côtière située au nord-ouest de Libreville.

Grégory Laccruche a été arrêté le 27 novembre, a déclaré à l’AFP une source proche de la présidence.

Vendetta

Le procureur a déclaré que des suspects avaient été inculpés de détournement de fonds et de blanchiment d’argent.

« Il s’agit d’une vendetta politique », a déclaré Boris Rosenthal, l’assistant du porte-parole présidentiel Ike Ngouoni.

Le bureau d’Ali Bongo a déclaré que l’enquête n’avait aucun lien politique.

« Quelle que soit votre position, s’il y a des soupçons contre vous, vous ne bénéficiez pas de l’impunité. Il appartient maintenant à la justice de faire son travail et de décider », a déclaré Jessye Ella Ekogha.

Les enquêtes en cours font suite à l’opération Mamba, une campagne anti-corruption lancée par Ali Bongo en 2017, a indiqué Jessye Ella Ekogha.

Un point commun à toutes ces arrestations

Ali Bongo lui-même a présidé vendredi dernier un conseil extraordinaire de la magistrature, une première en 10 ans de règne qui avait débuté avec une élection en 2009 après le décès de son père, Omar Bongo, dirigeant du Gabon pendant 41 ans.

Après la séance du conseil, le procureur général de Libreville, Olivier N’Zahou, a perdu son poste dans la capitale pour être nommé procureur général de Franceville, au fond du pays.

« Le point commun à toutes ces arrestations est Brice Laccruche Alihanga. Vous le savez parfaitement vous-même. Le point de départ de toutes ces arrestations est le renvoi de Brice Laccruche Alihanga », a-t-il déclaré.

Plus tôt cette année, le président a nommé Lee White, un activiste vert né au Royaume-Uni qui vit au Gabon depuis trois décennies et est devenu citoyen, en tant que nouveau ministre de l’Eau et des Forêts.

Son prédécesseur, Guy Bertrand Mapangou, a été limogé à la suite d’un scandale impliquant l’exploitation illégale de bois de kevazingo, un bois précieux et protégé, par une firme chinoise.

Parallèlement à ce bouleversement politique, on continue de spéculer sur la santé d’Ali Bongo.

Une partie de l’opposition gabonaise continue de faire appel à une expertise sur son état de santé pour déterminer s’il est apte à diriger le pays.

 

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